Les incidences stratégiques du réchauffement climatique
Auteur:
Hubert Fabre, Directeur de recherche associé à l'IERI - Docteur en Droit
Date de publication:
30/9/2013
SOMMAIRE
1. L’EXPLOITATION DES RESSOURCES NATURELLES
La ressource halieutique
Les ressources minières
La fièvre des hydrocarbures
Mieux vaut tard que jamais
Le tourisme arctique
2. LES PROBLEMES DE DELIMITATION TERRITORIALE
La dorsale de Lomonossov
Les routes du Nord
3. LA COOPERATION CIRCUMPOLAIRE
L’avenir des populations autochtones
Les institutions de la coopération circumpolaire
************************************
La fonte de la banquise arctique offre de nouvelles perspectives en matière d’exploitation des ressources naturelles du cercle polaire : les réserves de minerais et d’hydrocarbures y seraient gigantesques et les « passages » du Nord-Est et du Nord-Ouest réduisent de plusieurs milliers de kilomètres les distances des routes maritimes parmi les plus fréquentées.
Cependant, les eaux arctiques ne sont guère hospitalières. Le climat y est extrême durant un long hiver : le thermomètre peut tomber à -50°C, les tempêtes sévissent tandis que les congères encroûtent tout. Certes, le réchauffement climatique a allongé la période d’été, mais la pleine saison de navigation maritime sur les routes du Nord demeure courte : elle ne dépasse pas trois mois. Et la fonte des glaces rend la navigation plus périlleuse à cause des icebergs. A terme, les investissements étant colossaux, les chantiers titanesques, les activités en Arctique devront être très rentables ce qui, concernant les matières premières, supposera des cours mondiaux élevés.
Malgré les obstacles techniques et un milieu hostile, l’intérêt grandissant pour cette région met aux prises de grandes puissances, parfois Etats riverains, tels que les Etats-Unis et la Russie, d’autrefois puissances commerciales, telles que la Chine (RPC) et l’Union européenne (UE). Ainsi, l’eldorado arctique constitue une zone de tensions stratégiques – et de revendications – réveillées et accentuées par le réchauffement climatique.
Aussi l’exploitation des ressources de l’Arctique dépendent de la capacité à explorer et à rentabiliser ces richesses comme de la résolution de litiges internationaux persistants en matière de délimitation territoriale. Cela signifie notamment que les puissances circumpolaires devront disposer de capacités d’administration adéquates de ces territoires y compris maritimes. En pratique, une « puissance arctique » devra être dotée de moyens de contrôle, d’assistance et d’intervention efficaces, incluant des moyens coercitifs. Enfin, s’il existe plusieurs forums de discussions et de rencontres, le cadre institutionnel régissant la coopération arctique paraît insuffisant, à court terme, pour relever les défis et en particulier les risques d’une exploitation de l’Arctique à plein rendement.